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DIEGO VALERI (1887-1976) a écrit de fort beaux livres sur Venise. Il y travailla notamment à la Surintendance aux Beaux-Arts — sa résistance au fascisme lui ayant valu d’être exclu des concours universitaires —, avant d’y diriger brièvement le Gazzettino, dès la chute de Mussolini en juillet 1943, puis d’enseigner la littérature à l’université de Padoue.
Lucienne Portier et Valérie Frossard avaient traduit, en 1945, ses Fantaisies vénitiennes, et Henri de Ziégler, en 1950, son Guide sentimental de Venise, deux petits volumes parus dans ces éditions char- mantes que savait faire « La Baconnière », à Neuchâtel.
Mais l’œuvre est plus vaste, bien sûr. Son Invito al Veneto ne manque pas d’intérêt ; pas plus que ce texte de commande qu’est Tempo vene- ziano, qui ne va pas sans ambiguïté (comment parler de Venise et de Mar- ghera, son excroissance industrielle, quand le commanditaire est une puissante aciérie ?), mais une ambiguïté féconde, parce que Venise est cela aussi. Au premier de ces livres, nous empruntons ce « Venise à vol de mouette » ; au second, les poèmes qui suivent ainsi que le dernier texte : dans l’ouvrage — ces ouvrages à table de salon que seuls savent faire des entrepreneurs industriels ou des banquiers, avec un mauvais goût qui serait touchant, et même pathétique, s’il n’était pas si clinquant —, ils accompagnaient des photographies de Gianni Berengo Gardin. La qua- lité de celles-ci n’obligeant pas à les reproduire, il a paru préférable de rendre les poèmes à la liberté qu’ils avaient une décennie auparavant, quand ils furent composés. Aux marges des images les plus convenues, les touchant presque parfois — mais sachant aussi s’en arracher par puis- sance de secret.
C. C.
*
... ô Dieu, quel grand acte de bonté
avons-nous accompli par le passé,
et oublié,pour que tu nous donnes cette merveille,
ô Dieu des eaux ?
Ô Dieu de la nuit,
quelle grande douleur
nous attend,
pour que tu nous récompenses ainsi
avant l’heure ?
Ezra Pound, Litanie nocturne à Venise.