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DES « PHARES », vigiles attentionnés, nous en ont prévenus : « Tant que vous n’aurez pas tué le fantôme de Venise en vous, décou- ragé tout rôle, penchant, pose, tentation ou songerie qui puisse mériter le qualificatif de “vénitien”, vous ne serez pas quitte avec l’ennemi intime. Car il est là, le point d’accroche du Homais 2000, son arche de Noé : dans la “cité de marbre et d’or”, le rendez-vous le plus vulgaire des gens de goût ». C’est à Régis Debray qu’on doit cet avertis- sement, en ouverture de sa plaquette intitulée Contre Venise. Il y a par bonheur, dans le pays où nous sommes, des esprits lucides, des « phares » autoproclamés — en dépit de leur prétention de modestie présentant le fruit de leur réflexion comme des « observations rustiques » — dont on ne saurait trop louer l’acribie et la sollicitude thérapeutique. Le « philosophe », surveillant sa « cinquantaine », entend se débarrasser, « pour sentir avec son âme et non avec celle des autres »5, du « toc » et du « chiqué »6 de Venise, comme on lutte « pour perdre la mauvaise graisse de mille dîners superflus ». L’hygiéniste, au fond, témoignant de son mode de vie, épouse son siècle en même temps que son quartier. Ainsi pourra-t-il, l’âme et le corps allégés, « continuer à jogger ou aller en vélo ». Recon- naissons-lui une honnêteté : celle de l’autoportrait. Pour le reste...