POÈMES

 

(Traduit de l’anglais par Valérie Sourisseau.)

 

THEODORE ROETHKE (1908-1963) est encore peu connu en France ; c’est pourtant l’un des poètes américains les plus importants du milieu du XXe siècle. Dans la lignée des grands modernistes que sont W. H. Auden ou Dylan Thomas, et lui-même influence majeure pour la poésie de Sylvia Plath notamment, il a peut-être souffert de la concurrence, dans les années 50, de la mythique beat generation, à laquelle il n’appartient pas.

 

Roethke, en effet, n’est pas un poète social ni politique. Ce qu’il explore, c’est son propre monde intérieur, qui n’est pas séparable du monde toujours mystérieux de la nature. Sa démarche, dit-il, est celle d’un « spirituel » : « Pour avancer, il est d’abord nécessaire de revenir en arrière ». Revenir en arrière : c’est-à-dire revenir vers l’enfance, mais aussi vers les rêves ou les cauchemars, retourner au surgissement fascinant de l’organique dans les profondeurs (caves, grottes, eaux souterraines)… Et assister ainsi, dans un même mouvement, à l’épanouissement de la lumière, au redressement des herbes, à la levée du moi.

 

La nature est omniprésente chez Roethke ; le passage par la vie des plantes ou des animaux apparaît pour le sujet comme la condition d’accès à sa propre identité d’être humain et de poète. Mais il s’agit d’une nature ambiguë : son désordre, dont on ne sait jamais s’il est joyeux ou inquiétant, n’est qu’apparent ; son exubérance reste le plus souvent contenue dans les limites protectrices de la serre, où règne une chaleur artificielle.



Télécharger l'intégralité de ce texte en PDF