IN MEMORIAM PAUL MOTIAN (1931-2011)

 

Lost In A Dream.

PAUL MOTIAN A FAIT DANS SES ALBUMS des vingt-cinq dernières années une musique comme en rêve, qui s’évanouit comme elle a surgi des limbes. Seules quelques limites, par le balai qui effleure les peaux et les cymbales, en sont presque imperceptiblement marquées, sur un fond de ténèbres dans lesquelles résonnent ses énigmatiques échos.

Paul Motian fait partie de ces musiciens qui jouent essentiellement avec le silence ; il ne sature pas l’espace, ne cherche pas l’intensité d’une corde tendue prête à casser — Keith Jarret —, n’essaie pas de le combler en jouant le plus de notes possible, deux notes à la fois — John Coltrane ; il essaie aucontraire de le distendre, comme en ces fins de soirée d’été où l’atmosphère semble se dilater, où l’on trouve enfin la fraîcheur et un ciel plus vaste.

Dans ses derniers albums, Paul Motian et ceux qui l’entourent (Bill Frisell, Joe Lovano, Chris Potter, Stéphan Oliva, Bruno Chevillon, Ron Carter…) ont mis au point, dans la lenteur des ballades, une formule : réunir le minimum d’éléments pour faire surgir l’ébauche d’un rythme,les traces d’une mélodie, d’autant plus beaux qu’ils sont seulement esquissés, et qu’ils s’agrègent à peine.

 

Télécharger l'intégralité de ce texte en pdf

  • Antoine de Rosny
    • IN MEMORIAM ÉRIC DE ROSNY (1930-2012) Antoine de Rosny 2012-08

        CELA A COMMENCÉ PAR UNE LETTRE ENVOYÉE TRÈS LOIN, là-bas, en Afrique, comme une bouteille jetée à la mer. Il s’agissait de solliciter d’un oncle inconnu un article sur le thème de la frayeur, pour le numéro 9 de Conférence. Je n’avais en tête aucun visage, aucune idée précise ; juste un titre bizarre, Les Yeux de ma chèvre[1] — parce qu’il constitue, avec Sully, un des deux réflexes culturels suscités par mon patronyme. Que fallait- il espérer ? Une réponse est arrivée, chaleureuse,...

      Lire la suite : IN MEMORIAM...

  • Charles Couture
    • IN MEMORIAM PAUL MOTIAN (1931-2011) Charles Couture 2012-08

        Lost In A Dream. PAUL MOTIAN A FAIT DANS SES ALBUMS des vingt-cinq dernières années une musique comme en rêve, qui s’évanouit comme elle a surgi des limbes. Seules quelques limites, par le balai qui effleure les peaux et les cymbales, en sont presque imperceptiblement marquées, sur un fond de ténèbres dans lesquelles résonnent ses énigmatiques échos. Paul Motian fait partie de ces musiciens qui jouent essentiellement avec le silence ; il ne sature pas l’espace, ne cherche pas l’intensité...

      Lire la suite : IN MEMORIAM...