CORRESPONDANCE (1) MAURICE CHAPPAZ/JEAN-PIERRE MONNIER

 

VINGT LETTRES.

 

Dans la chair transparente des mots.

 

Il nous faudrait trois vies : une pour

lire, une pour écrire, une pour rôder[1].

 

LORSQUE, À LA FIN DE L’ANNÉE 1965, Maurice Chappaz adresse son Portrait des Valaisans fraîchement paru à Jean-Pierre Monnier, il n’imagine probablement pas poser les jalons de trente ans d’une correspondance inspirée. Beaucoup de choses différencient les deux écrivains : Chappaz, poète-randonneur, a lancé tôt ses pas sur les routes de C. F. Ramuz et de Gustave Roud, se taillant à Lausanne et dans le reste de la Suisse romande une réputation de « marginal de la meilleure espèce »[2], brillant et tapageur. Monnier, moins remuant (« J’ai toujours été de ceux […] qui ne quittent pas les villages »[3]), a tracé son parcours littéraire du côté de Paris. Et comment ne pas évoquer la géographie ? D’un côté, les cimes blanches des Alpes, au sommet desquelles marche Chappaz le Valaisan, catholique, viticulteur et propriétaire fortuné (dit-on), rôdeur houspillé qui s’engage corps et âme pour son pays qui est une vallée ; de l’autre, aux pieds du Jura, entre le ciel et la nuit médite Monnier, le professeur lycée protestant, discret et humble (dit-on), mais aussi homme de proche de toutes les institutions littéraires et culturelles suisses.




[1]Maurice Chappaz à Jean-Pierre Monnier, lettre du 23 mai 1972.


[2]Jean-Pierre Monnier, Pour mémoire, dans OEuvres III, Yvonand, Bernard Campiche Éditeur, 1997, p. 416.


[3]Jean-Pierre Monnier à Maurice Chappaz, lettre du 26 décembre 1974.