POUR UN ART DU GRATTE-CIEL

 

(1896.)

 

Traduit de l’américain
par Christophe Guillouët.

 

[I. 1.] Les architectes de ce pays et de cette génération sont aujourd’hui face à quelque chose de nouveau sous le soleil — à savoir, l’évolution et l’intégration des conditions sociales, et leur agrégation particulière, qui aboutit à une demande d’ériger de grands immeubles de bureaux.

 

[I. 2.] Mon but n’est pas de discuter des conditions sociales ; je les accepte comme un fait, et je dirai tout de suite que le projet de grand immeuble de bureaux doit être reconnu et abordé dès le début comme un problème à résoudre — un problème vital, qui réclame une vraie solution.

 

[I. 3.] Exposons les conditions aussi simplement que possible. En bref, les voici : les bureaux sont nécessaires pour les transactions commerciales ; l’invention et le perfectionnement des ascenseurs à grande vitesse rendent à présent le déplacement vertical, naguère assommant et pénible, aisé et confortable ; le développement de la production d’acier a montré comment élever à une grande hauteur des constructions sans danger, rigides et économiques ; la croissance continue de la population dans les grandes villes, la congestion des centres qui s’ensuit et l’élévation de la valeur du terrain, incitent à une augmentation du nombre d’étages ; le succès dans l’empilement de ces derniers réagit sur la valeur des terrains — et ainsi de suite, par principe d’action et réaction, d’interaction et inter-réaction. Ainsi s’est produite cette forme de construction élevée, appelée « l’immeuble moderne de bureaux ». Elle est advenue en réponse à l’appel de la nouvelle agrégation de conditions sociales qui y a trouvé une habitation et un nom.