31 mars 1922-27 septembre 2011.
DE REMO FASANI, il y a fort peu de choses à savoir. Fort peu de choses à savoir, et beaucoup à apprendre. Toute disparition donne à la vie de se déployer comme un enseignement : la mesure est redoutable, parce qu’il arrive le plus souvent qu’il n’y ait rien du tout à apprendre, ou, au mieux, rien qu’on ne sache déjà, avec sa pauvreté de grisaille, répétitive et infinie comme la condition commune. On a éprouvé à maintes reprises la tristesse des cérémonies funèbres : non pas seulement parce que l’absence est difficile (qu’une vie soit aimée pour elle-même veut simplement dire qu’elle est au soutènement de la sienne propre), mais parce que, la plupart du temps, l’existence s’est repliée sur soi, tautologique, muette et vide, et sans issue — au moins pour ceux qui restent en vie. Et l’on ne sait pas quoi faire de ce figement soudain, et peut-être de cette stérilité ; au fond, personne n’en veut. Il faut les remettre en d’autres mains. La foi, ou la confiance, sert à cela ; in manus tuas commendo spiritum eius. Il y a plus souvent à pleurer de l’insignifiance des vies que du tragique des fins.