POUR UNE ÉCOLOGIE LITTÉRAIRE.
Traduit de l’italien par Christophe Carraud.
I. La culture des médias.
L’HORIZON DE FORMATION et de communication créé par les médias modernes et postmodernes, radicalement différent de celui qui a dominé jusque dans les années 1950, présente des caractères inquiétants sur lesquels on insiste souvent dans des polémiques journalistiques et des recherches de type sociologique, psychologique ou pédagogique, qui pourtant ne parviennent pas à produire des interventions ou des corrections significatives.[1] Tout projet possible est écrasé par l’automatisme déchaîné d’un marché qui ne cherche qu’à se renforcer et à s’étendre : il faut répéter avec force combien, dans le domaine culturel, dans la diffusion des modèles et des formes de divertissement, dans la communication et l’information, l’abandon au seul principe du « libre marché » produit des effets on ne peut plus pervers.Cette « liberté » du marché sans règles n’est du reste que « présumée », postulée a priori par les intéressés : sur le plan de la transmission des modèles culturels, la liberté subjective (de l’émetteur des messages et des informations) s’identifie presque toujours avec la limitation la plus grossière et la réduction de la liberté, celle d’autres émetteurs possibles comme celle du prétendu public.
[1]Titre original : « Per un’ecologia letteraria » ; ces pages constituent le chapitre IV du livre de Giulio Ferroni, Dopo la fine. Una letteratura possibile, Roma, Donzelli editore, 2010, pp. 139-175.