LYRISME ET DISSONANCE (V)

IL Y A BIEN DE LA NAÏVETÉ (pour ne pas dire de la lâcheté) à vouloir confier à nos écrits la vengeance de nos échecs. Que les dits écrits soient le dérisoire témoignage desdits échecs devrait suffire à nous faire tenir tranquilles.

Au lieu de quoi, nous continuons.

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On « donne un verbe » à l’élève indiscipliné : « Tu me copieras cinq fois le verbe bavarder, à tous les temps ! »

Pareillement, à l’auteur bavard, au poète mé-disant, au dramaturge intempérant, on devrait dire : « Tu me déclineras cent fois ton identité ».

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Habiter chaque mot comme le musicien habite (devrait habiter) chaque note qu’il joue.

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Si tu n’entends pas ce que tu écris, mieux vaut t’abstenir. Car tu es alors comme un chef d’orchestre qui prétendrait diriger sans savoir lire sa partition.

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