L’AUTRE VÉRITÉ



(Traduit par FRANCK MERGER)

Journal d’une étrangère. (Extraits.)

 

LES derniers poèmes d’Alda Merini à avoir été publiés avant un long silence l’ont été par Salvatore Quasimodo dans l’anthologie Poesia italiana del dopoguerra parue en 1958.

Alda Merini avait donné les premiers signes de maladie mentale dès 1947 — elle avait seize ans —, mais c’est en 1965 que son état s’est aggravé au point qu’elle a été internée à l’hôpital psychiatrique Paolo Pini de Milan, où elle est restée jusqu’en 1972. Elle était quelquefois autorisée à en sortir pour des périodes plus ou moins longues et c’est au cours de ces sorties qu’elle a donné naissance à deux filles, Barbara et Simona (Alda Merini avait déjà eu deux filles avant d’être hospitalisée).

Alda Merini a recommencé à écrire après un silence de vingt ans, en 1979. Elle a écrit alors les poèmes qui allaient constituer le recueil de La Terra Santa, paru en 1984. De nombreux recueils poétiques ont suivi la publication de La Terra Santa. Alda Merini s’est aussi consacrée à l’écriture de la prose. Son premier ouvrage en prose à avoir été publié est L’altra verità. Diario di una diversa paru chez l’éditeur Scheiwiller, à Milan, en 1986. C’est l’internement à l’hôpital Paolo Pini qui forme la matière des deux œuvres conjointes La Terra Santa et L’altra verità.

F. M.

C’est ainsi que je m’adaptai pendant cinq longues années à ce mode de vie frappé du sceau de la folie.

On nous réveillait de bonne heure, dès cinq heures, et on nous faisait asseoir en ligne sur des sortes de bancs situés dans une grande pièce horrible qui était l’antichambre de la salle où étaient pratiqués les électrochocs. De la sorte, nous ne pouvions oublier un instant la punition que nous allions subir au moindre écart de notre part.