LES PERPLEXITÉS DE LA POÉSIE FRANÇAISE

 

En marge du texte qu’on va lire, Étienne Gilson a porté cette indi-cation : « Montréal, mardi 18 février 1964. Université, Grand Auditorium. 20h30. » Nous voilà donc raisonnablement fixés sur le temps et le lieu de cette conférence inédite. Il est vraisemblable cepen-dant qu’elle ait été prononcée avant cette date, et plusieurs fois peut-être, comme le laisse supposer un passage incident ; sinon telle que nous la lisons, du moins une version parente (les notes elles-mêmes, ou telle parenthèse, devaient correspondre à un développement ad libitum).

Nous devons la communication de ces pages à Mme Evelyn Collins, archiviste du St. Michael’s College de l’Université de Toronto, et à M. Brian Stock, professeur dans cette même université. Nous les en remercions.

Nous poursuivrons dans notre prochain numéro l’édition de ces textes rares.

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On reçoit des livres de toutes dimensions et de tout poids. Si c’est un gros livre, de cinq ou six cents pages, c’est un roman. Si c’est une mince plaquette, c’est d’ordinaire un recueil de vers. L’éditeur n’est pas l’un des rois du marché littéraire ; souvent il vit quelque part en province ; on sent qu’il s’est donné du mal pour réussir à faire une brochure avec si peu de texte, où le blanc n’est pas chichement mesuré entre les lignes, ni même entre les pages. Et que de fois on sent, à je ne sais quoi au juste (mais l’impression est irrésistible) que le poète lui-même est le mécène dont la générosité a permis l’impression du recueil. La poésie s’imprime souvent à frais d’auteur.