Sur le zonage

LE LECTEUR trouvera sous ce titre un choix de pages empruntées au premier et au dernier chapitre d’un livre paru en 1978, Le vicende dello zoning (Milan, Il Saggiatore). Ce livre fut le vingtième de la collection dirigée par Giancarlo De Carlo, « Struttura e forma urbana », qui en compta vingt-quatre, parus de 1967 à 1981. La plupart étaient des traductions (de l’anglais, de l’allemand, du russe...). La série s’était inaugurée par une traduction de Le Corbusier ; Franco Mancuso traduira lui-même Nicolaas John Habraken, ainsi que différents essais réunis sous le titre L’organizzazione della complessità. L’ensemble, à nos yeux tardifs, garde l’empreinte d’un langage d’époque, et d’une certaine combativité, d’un goût parfois de la polémique (elle fut souvent vive en architecture, et même, dirait-on, plus qu’un phénomène de mode, une tradition « moderne », une sorte de passage obligé ou de rite initiatique) qu’on retrouverait, aussi bien, dans les textes de Giancarlo De Carlo lui-même, ou dans la revue qu’il fonda, Spazio e Società (1978-2001) ; le titre de cette revue était emprunté à celle, française, d’Henri Lefebvre : il existait de nombreux points de convergence, mais elle eut vite son visage propre. Reste que la collection, comme la revue, eut une grande force suggestive, et qu’elle a abordé, avec une rigueur indéniable, les questions majeures où nous gagnerions à nous replonger, à l’heure où la réflexion architecturale et urbanistique a quelque chose de passablement consensuel, et, au mieux, de pragmatique (la « starisation » est passée par là, et l’avachissement si visible a quelque chose à la fois de béat et d’agressif). Giancarlo De Carlo écrivait, dans le liminaire du premier numéro de Spazio e società1: « Il est inutile de faire une déclaration de contenu: d’abord parce que le domaine de l’architecture est déjà si congestionné par des déclarations sans effets que des affirmations supplémentaires se révèleraient peu crédibles ; ensuite parce que la mise au point d’une revue ressemble à l’élaboration d’un projet d’architecture et ne prend sens qu’en suivant un parcours d’oscillations alternées entre objectifs et propositions.