Loin



et s’il ne devait plus y avoir pour nous de Grèce et d’Italie
de vin résiné sous les tonnelles
ni de pieds nus sur les rochers
de tourisme paresseux dans un soleil idéal
alors peut-être serait-il temps de nous dire
que la vie est aussi ici
que c’est aussi une vie



le marais de brume et de roseaux d’où vous venez
et les étangs où le crépuscule s’embourbe
et les créatures suintantes qui vous ressemblent
et d’où sortent des sons semblables aux vôtres
est-ce que tu t’en souviens
ou bien as-tu oublié
prétends-tu avoir toujours vécu
sur une terre sèche
où ne pousseraient que
l’olivier la sauge l’asphodèle
où ne parlerait que le vent
dans la netteté du soleil