ARCHITECTURE ET PEUPLE

 

 

(Traduit de l’américain par Christophe Guillouët.)

 

WHAT IS ARCHITECTURE? — A study in the American People of Today » a paru dans la revue professionnelle American Contractor de janvier 1906, puis dans trois livraisons de The Craftsman, d’obédience Arts and Crafts, en mai, juin et juillet de la même année.

Chacun des titres des écrits de Sullivan — Characteristics and Tendencies of American Architecture ; What is the Just Subordination, in Architectural Design, of Detail to Mass? ; The High- Building Question ; Emotional Architecture as Compared with Intellectual: A Study in Subjective and Objective ; The Tall Office Building Artistically Considered [1], etc. — impose au traducteur de rendre compte d’un thème annoncé avec précision, généralement associé à la volonté d’inventer un style national, et, en même temps, d’une résonante modernité, qui un siècle plus tard et dans une autre langue, possède sa contemporanéité. Les thèmes sont toujours représentatifs d’une actualité de la révolution industrielle, quand basculèrent vers l’inconnu le rapport de l’homme au monde, ses structures sociales, sa pensée, la nature même, choses que l’architecture a conservé la responsabilité de symboliser. Mais ensuite, le texte semble, dans son contenu comme dans sa tonalité, l’étrange contrepartie de l’explicite du titre : démonstratif d’une thèse, mais ne la démontrant guère. Allusif, polémique, rhétorique, lyrique, passeur d’idées ou de systèmes, il convainc comme un manifeste du sujet moderne, mais ses caractéristiques littéraires invitent à interroger la théorie, au-delà de l’utilisation des concepts et de l’analyse du message idéologique, sur sa forme même. Sullivan est un théoricien dans le sens où il a problématisé l’expérience moderne dans une transmission, un langage ; et il semble qu’il ait accru sa conscience de la chaîne de l’expérience et du langage, en remontant celle-ci vers l’autobiographie, objet de son dernier grand texte, mais qu’il ne fut jamais délié de son propre récit.


[1] Ces deux derniers textes, « Affect intellect en architecture » et « Pour un art du gratte-ciel » ont été traduits dans Conférence, respectivement dans le n° 35 et dans le n° 33.