MÉSAVENTURES DE LA MESURE.



PRENONS NOTRE TEMPS. Nous avons évoqué, dans le numéro précédent, cette absence de justesse, de proportion, qui caractérise tant de choses et de faits de l’époque où nous sommes ; qui dénature aussi tant d’esprits sans assiette ni consistance : occupés à goûter, dans l’encombrement des objets, flottement et dispersion intérieurs comme leur être propre, avec cette délectation qui chasse le tragique comme un mauvais rêve. Au prix de la plus factuelle des absurdités logiques et humaines, voici réifié l’« ondoyant et divers » cher à Montaigne.

Eh bien, prenons le temps à présent de considérer cette idée très simple de la mesure dans quelques-unes des régions où elle est affectée, le droit, la médecine, les nouvelles technologies. Triomphe du commerce des quantités.

Il était prévisible que l’idolâtrie des flux et de la communication aboutirait à la fois à l évidement des contenus et à l’isolement des consciences ; que la liberté serait assimilée à la jouissance des instruments techniques élaborés par l’industrie dans les zones de surveillance nécessaires à son développement et à ses profits ; et que l’on se figurerait le bonheur comme une perpétuelle connexion protégeant de la pensée aventureuse et décidément irresponsable que la vie ne s’épanouit qu’en dépassantson stade ombilical.


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