FLORE DOMESTIQUE

 

Traduit de l’italien par Franck Merger.

 

Réponse à la carte postale du 11 mai.

 

Ma chère fille, les narcisses des poètes

dérobés d’une main leste aux prés alentour

exhalent leur parfum dans ta chambre, là-bas,

les nôtres depuis quelques jours

languissamment gisent dans la véranda.

Nous ne cessons de dérober quelque chose

un regard, un rêve, un sourire

pour nous sentir en vie. Mais toi

ne sois pas comme je suis, sans cesse à balancer

aie confiance et ne te détourne pas de la corolle

qui illumine tes yeux. Toi, tu défies le vent

tu n’as pas la même incertitude épaisse

qui me prend au réveil, la même

ride mélancolique.

Plus qu’en moi la vie souffle en toi, une flamme plus merveilleuse

fait resplendir tes jeunes années — un sortilège

une fleur qui exhale un parfum de vanille.