Présentation.
L'ÉCRIVAIN Giuseppe Raimondi (1898–1985) a publié en 1970 Anni con Giorgio Morandi, aux éditions Arnoldo Mondadori, à Milan, — tardivement donc, à l’âge de soixante-douze ans, et six
ans après la mort du peintre. Le livre comprend trois parties : la pre-mière, datée 1969, « Quinze chapitres pour un portrait », est la plus importante et c’est d’elle que sont extraits les trois textes traduits ici ; la deuxième, datée 1948, est une suite de commentaires sur sept estampes de Morandi, six d’entre elles ayant été gravées entre 1913 et 1923, une autre en 1931 : la troisième regroupe dix-sept lettres envoyées par le peintre à l’auteur entre juillet 1919 et août 1920.
Ces Années avec Giorgio Morandi nous éclairent donc surtout sur les débuts du peintre, quand celui-ci, né en 1890, atteint et dépasse la trentaine sans avoir encore trouvé sa voie. Tout en découvrant l’impres-sionnisme et le cubisme français au hasard d’expositions temporaires et de publications, il s’intéresse au mouvement futuriste, puis à la peinture dite métaphysique, à laquelle il adhère un temps ; en 1921, il participe ainsi, avec Carrà, De Chirico et Martini, à la grande exposition qui, organisée à Berlin par la revue Valori Plastici, contribue à assurer la diffusion du courant en Europe.
Au cours des années 1930, les relations entre l’écrivain et le peintre se distendent : « Avec Morandi, nous nous éloignions », note Raimondi dans le texte de 1948. Mais si le livre n’évoque ainsi que les deux premières décennies de la carrière du peintre, il ne faut pas oublier qu’il est écrit, on l’a dit, après la mort de celui-ci, et donc dans la lumière de sa gloire désor-mais assurée ; plusieurs grandes expositions ont déjà rendu justice à son œuvre, à Berne et à Édimbourg en 1965, à la Biennale de Venise en 1966, et ce sera, en 1970 et 1971, le tour de Londres et de Paris de la célébrer.